Le saviez-vous ? Les troubles respiratoires (tels que l’asthme, les allergies etc.), et les troubles du sommeil sont des affections fréquentes, qui souvent coexistent. C’est là un des messages forts que l’Association Asthme & Allergies souhaitait faire passer en créant Alliance Apnées du Sommeil en 2014. Les troubles du sommeil, parmi lesquels les apnées du sommeil, sont en effet souvent liés à des perturbations respiratoires nocturnes, parfois associés à des crises d’asthme ou un nez bouché dû à une rhinite allergique. Les études montrent qu’il existe aussi des éléments communs favorisant ces maladies. Un simple nez bouché allergique peut amener à des modifications anatomiques qui provoquent des troubles du sommeil. Tout particulièrement, les liens entre apnée du sommeil et rhinite allergique, peu connus, apportent des éléments de compréhensions majeurs et des enseignements clés pour améliorer la prise en charge de ces deux troubles respiratoires. Le point sur ce sujet avec le Dr Madiha Ellaffi, pneumo-allergologue, qui a accepté de répondre à nos questions.
1. La rhinite allergique, qu’est-ce que c’est ?
Dr Ellaffi : La rhinite allergique est une des manifestations les plus fréquentes de l’allergie. Les signes habituels qui doivent y faire penser sont regroupés sous le sigle PAREO :
- P comme Prurit, qui signifie que le nez démange,
- A comme Anosmie, qui signifie que l’on perd l’odorat (plus rarement),
- R comme Rhinorrhée, qui signifie que l’on a le nez qui coule,
- E comme Eternuements,
- O comme Obstruction, qui signifie que l’on a le nez bouché.
2. Quels liens entre rhinite allergique et sommeil ?
Les liens entre rhinite allergique et sommeil ne sont plus à démontrer. Les conséquences sur la qualité de vie, et notamment sur le sommeil, peuvent être très importantes, si elles ne sont pas soignées. On estime que 57% des adultes et 88% des enfants ayant une rhinite allergique ont un sommeil perturbé(1). Et, plus la sévérité de la rhinite est importante, plus la qualité de sommeil s’en trouve affectée(2). Cela s’observe chez l’adultecomme chez l’enfant.
Par ailleurs, on remarque qu’un grand nombre d’enfants souffrant d’une rhinite allergique, ronflent (60%)(3).
3. Quels liens entre rhinite allergique et apnées du sommeil ?
Les études scientifiques mettent aussi bien en évidence des liens étroits avec les apnées du sommeil. Les apnées concernent entre 5 à 15% de la population adulte. Dans le même temps, la rhinite allergique touche 20 à 30% de la population en France. La probabilité d’être concerné par un syndrome d’apnée du sommeil augmente de 44% en présence d’une rhinite allergique(4).
De plus, les personnes souffrant d’une rhinite allergique souffrent 10 fois plus de micro-éveils, avec un indice d’apnée hypopnée souvent plus élevé (l’IAH est l’indice qui mesure la sévérité des apnées du sommeil) (5).
4. Comment expliquez-vous cette relation ?
Plusieurs mécanismes expliquent ces liens.
Tout d’abord, avoir un nez bouché (une obstruction nasale), est un facteur qui favorise le ronflement, la fatigue pendant la journée mais aussi la sensation d’un sommeil non récupérateur liée à une mauvaise qualité de sommeil(6). Sans oublier qu’une rhinite allergique oblige très souvent la personne à respirer par la bouche, favorisant, dans l’enfance, un défaut de croissance des maxillaires (palais étroit et ogival), facteur prédictif de l’apnée du sommeil.
Mais d’autres mécanismes renforcent cette relation. En premier lieu, les rythmes circadiens (qui rythment les phases de veille et de sommeil), influencent à la fois les allergies et le sommeil. Par exemple, un manque de sommeil peut accentuer une réaction inflammatoire avec un impact direct sur la régulation des réactions immunitaires.
L’histamine joue aussi un rôle central dans cette relation(7). L’histamine est à la fois impliquée dans les réactions allergiques et dans la régulation du cycle veille-sommeil. Son action peut provoquer des symptômes de la rhinite menant directement aux troubles du sommeil. En effet, lorsque le corps d’une personne allergique rentre en contact avec un allergène, son système immunitaire se défend via une réaction inflammatoire localisée au niveau des muqueuses (du nez, gorge, bronches etc.) et de « l’histamine » est libérée. Cette hausse du taux d’histamine entraîne la dilatation des vaisseaux sanguins et l’augmentation des sécrétions favorisant l’apparition des symptômes de la rhinite. L’inflammation, à son tour, peut entrainer, à distance, des réactions au niveau cérébral.
Ces dernières s’expliquent par l’existence de récepteurs à l’histamine au sein du cerveau, impliqués dans la régulation des cycles veille-sommeil, expliquant en partie des difficultés d’endormissements des patients allergiques, et à contrario, les effets sédatifs, qui entrainent de la somnolence lorsque les patients prennent des antihistaminiques, notamment la journée.
Enfin, d’autres paramètres peuvent aussi intervenir, comme la literie. L’allergie aux acariens est une des plus fréquentes, notamment chez l’enfant, et l’une des plus précoces. Or les acariens adorent l’humidité et la chaleur, et apprécient d’autant la literie qu’ils y trouvent de quoi se nourrir. Lorsqu’un patient allergique s’endort dans un lit avec beaucoup d’acariens, la réaction allergique va majorer les symptômes, notamment l’obstruction nasale, et la difficulté à respirer la nuit.
5. Quels messages souhaiteriez-vous faire passer ?
Au-delà des questions simples sur la qualité du sommeil que les allergologues ont l’habitude de poser, penser à rechercher un syndrome d’apnée du sommeil chez les personnes allergiques est d’autant plus important que la rhinite allergique est persistante et sévère.
A l’inverse, réaliser un bilan allergologique et ORL présente un intérêt thérapeutique majeur chez toute personne souffrant d’apnée du sommeil et présentant les symptômes d’une rhinite.
Enfin, soigner un nez bouché et favoriser une respiration par le nez (et non par la bouche) peut en outre améliorer l’observance et l’efficacité d’un traitement par PPC.
Sources : (1) Meltzer EO, Sleep, quality of life, and productivity impact of nasal symptoms in the United States: findings from the Burden of Rhinitis in America survey. Allergy Asthma Proc. 2009 May-Jun;30(3):244-54. doi: 10.2500/aap.2009.30.3230. (2) Munoz-Cano and al, Clin Transl Allergy, Sévérity of allergic rhinitis impacts sleep and anxiety : results from a large Spanish cohort (2018) 8 :23 (3) Marshall NS. Predictors for snoring in children with rhinitis at age 5. Pediatr Pulmonol, 2007 Jul;42(7):584-91.(4) Braido F and al, Sleep apnea risk in subjects with asthma with or without comorbid rhinitis. Respir Care. 2014 Dec;59(12):1851-6. doi: 10.4187/respcare.03084. Epub 2014 Jun 10. (5) Lavie et coll. Acta Otolaryngol. 1981;92;529. (6) Young T et coll. Arch Intern Med 2001, Fitzpatrick MF et coll. Eur J Respir 2003. (7) Chronic allergic respiratory syndrome. Adapted from Stokes JR, Casale T. Allergic rhinitis, asthma and Obstructive sleep apnea – the link. In: Pawankar R, Holgate ST, Rosenwasser LJ, editors. Allergy Frontiers. Vol. 3. 2009. p. 129-140.
Liens utiles :
Pour aller plus loin :
Y a-t-il un risque d’allergie avec les masques ? Quels conseils donnez-vous en cas d’irritations ?
Merci pour ce lien de corrélation que je ne soupçonnais pas.
Longue vie a vous
Je souffre énormémentdecete rhinite allegique cobiné avec l’apne du sommeil;
J’zi 68 ans et je vis seule aptès divorce depuis 23 ans.
Je suis depuis 2020 dans un appartmeng neuf.
Mon fiks aîné dentiste à Agenme conseille beaucoup;
Mme Coursière Sylvie
J’ai une apnee du sommeil à 36, et rhinite chronique (avec hypertrophie des cornets et deviation cloison nasale) et jessaie de dormir avec le masque nasal (car le masque facial est trop lours et encombrant), mais l’air sort parfois par la bouche et ça me réveille. Que faire ?
Bonjour Fourel,
Une solution peut consister à porter une mentonnière. Personnellement, je trouve cela assez inconfortable et je préfère porter un embout buccal spécialement conçu pour empêcher les fuites buccales.